Le terrain de quad pose problème...

Pihen les guines

mercredi 10.11.2010, NORD LITTORAL

Les membres de l'association Ruralité et tranquillité plus déterminés que jamais.

La quiétude à Pihen-les-Guînes semble voler en éclats depuis l'ouverture de l'enquête publique pour la révision simplifiée du plan local d'urbanisme concernant la création d'un terrain d'initiation au quad.

Et rien ne va plus dans le paisible village qui ne compte que 485 âmes et dont le projet commence sérieusement à diviser la population. D'un côté, il y a les détracteurs de plus en nombreux, farouchement opposés avec l'association Ruralité et tranquillité présidée par Arnauld Berthoux et d'un autre les défenseurs qui voient en cette l'installation, l'opportunité d'un développement touristique et économique portée par la communauté de communes du sud ouest du Calaisis et la grande majorité du conseil municipal avec à sa tête Jean-Luc Marot, le maire.

Celui-ci d'ailleurs ne décolère pas, non par la liberté d'expression qui s'est exprimée amplement lors de la réunion publique de janvier dernier et à laquelle il ne s'oppose pas mais par tout ce tapage quasi médiatique orchestré autour de cette affaire : « Des pétitions circulent sur le net signées par des gens des quatre coins de la France qui ne connaissent même pas le village. Cela ne rime décidément à rien ».

Alors qu'en est-il de cette histoire ? Y aurait-il derrière cette simple révision à faire passer une parcelle agricole de 2,8 hectares en parcelle zone de loisirs quelque chose de plus profond qui aurait échappé aux extérieurs ? Rancunes, jalousies, intérêts privés ressortent des vieux tiroirs comme des secrets enfouis mais en attendant, les habitants se croisent, ne se saluent plus et s'évitent. Il était grand temps alors que les permanences du commissaire enquêteur pour l'enquête publique s'achèvent (dernière permanence le 19 novembre).

A quelques pas du futur terrain, réside Arnauld Berthoux, président de Ruralité et tranquillité, qui a crée l'association dès la prise de connaissance en 2008 du projet et qui est tout aussi inquiet. Inquiet pour les nuisances sonores, inquiet pour la sécurité, inquiet sur l'encadrement et passablement exacerbé lorsqu'on prétend que la pratique du quad ne se fera pas au détriment de l'environnement. Il n'a de cesse de mobiliser ses troupes en distribuant des tracts et en lançant des pétitions pour combattre le projet qu'il juge néfaste et qui semble servir à l'intérêt privé plus qu'à l'intérêt général. « C'est tout de même trop facile d'être pour lorsqu'on habite loin. Pourquoi réaliser un tel projet au détriment de ceux qui sont venus s'installer ici même, justement pour vivre en toute tranquillité et en harmonie avec la nature », déclare le président très remonté argumentant ses propos par des études scientifiques et des recherches qu'il mène pour démontrer que c'est une aberration : «  On essaye de nous faire croire que ce projet amènera de l'emploi, je ne vois pas comment ? Mais à qui iront les bénéfices d'une telle réalisation ? Et pourquoi ne pas s'orienter vers un tourisme vert ? »

Parmi les détracteurs, on trouve les écologistes, les vététistes, les amoureux de la randonnée, les marcheurs des longues balades silencieuses qui ne démordent pas non plus car pour eux, la pratique du quad, même si elle reste encadrée, sera néfaste pour la flore et surtout pour la faune sans compter les nuisances sonores.

Geais noirs dernièrement recensés, buses, petits rongeurs, lièvres et volatiles de notre région finiront par déserter le coin et qu'en sera-t-il de ce petit chemin bordé d'arbustes et de fleurs champêtres qui en permet l'accès ? Et puis parmi tous ces opposants, il y aussi ceux qui pensent que l'enrichissement d'une famille doit cesser. C'est un fait, Nicolas Potterie qui veut créer ce projet n'est autre que le fils de l'ancien maire, Pascal Potterie, propriétaire du terrain et des vignes dont les célèbres vendanges sont devenues un des rassemblements les plus populaires de nos campagnes.

Nicolas Potterie est agriculteur et propriétaire d'un gîte rural à Fiennes. Il souhaite diversifier ses activités et proposer à ses résidents une activité de plein air complémentaire à leur séjour dans la région pour une initiation et un perfectionnement au quad. Mais certains sous-entendent la future création d'une résidence hôtelière qui viendrait s'annexer au terrain et même d'un musée de la Vigne. Les commentaires vont alors bon train tout comme les vives prises de position qui de jour en jour alimentent toutes les conversations.

L'enquête publique : un temps fort pour donner son avis !

Depuis le 18 octobre, aux heures d'ouverture de la mairie, le dossier est consultable. C'est le commissaire enquêteur Charles Lecointe qui a officié le 3 novembre dernier en la mairie de Pihen-les-Guînes. « Mon travail consiste à recevoir le public en leur présentant le projet avec la carte situant précisément le terrain et en mettant à disposition un registre où chacun est libre de s'exprimer. Depuis ce matin, j'ai reçu individuellement neuf personnes, beaucoup sont contre. Maintenant à savoir les défenseurs du projet jugent utile de ne pas se déplacer, je n'ai pas d'avis sur la question. J'exerce ma fonction en toute impartialité et en toute neutralité. La prise de décision par les élus communautaires se prendra après la dernière permanence du 19 novembre au siège de la communauté de communes du sud ouest du Calaisis après une synthèse des avis notés sur le registre et sur les courriers reçus en mairie ». Le dossier consultable présente l'historique du projet, les objectifs ainsi que tous les éléments se référant à la révision simplifiée du PLU comme le rapport sur l'enquête sonore réalisée en avril, jugée favorable.

Mais devant la détermination des uns et des autres, tout porte à croire que la situation se durcisse et qu'un recours devant le tribunal administratif soit envisageable.

Pascaline LEMAIRE